de Maurice Blanchot
Les Éditions de Minuit, 1983
Un dialogue avec Jean-Luc Nancy, très influencé par Georges Bataille, avec un long commentaire de Marguerite Duras.
[...] la sur-philosophie qui conduit Heidegger à ne pas se refuser (momentanément) au national-socialisme, à y voir la confirmation de l'espérance que l'Allemagne saura succéder à la Grèce dans son destin philosophique prédominant.
« Si je veux que ma vie ait un sens pour moi, il faut qu'elle en ait pour autrui » (Bataille).
p. 45
« Hypocrite ! Écrire, être sincère et nu, nul ne le peut. Je ne veux pas le faire » (Bataille, Le coupable)
[...] ce que Georges Bataille (au moins une fois) appellera « la communauté négative : la communauté de ceux qui n'ont pas de communauté ».
Ainsi cependant vous avez pu vivre cet amour de la seule façon qui puisse se faire pour vous, en le perdant avant qu'il ne soit advenu. (Marguerite Duras, La maladie de la mort)
[...] la première [traditionnelle] nous est imposée sans que notre liberté en décide : c'est la socialité de fait, ou encore la glorification de la terre, du sang, voire de la race ; mais la seconde ? On l'appelle élective en ce sens qu'elle n'existerait que par une décision qui rassemble ses membres autour d'un choix sans lequel elle n'aurait pas pu avoir lieu ; ce choix est-il libre ?
[...] deux êtres ne tentent de s'unir que pour vivre (et d'une certaine façon célébrer) l'échec qui est la vérité de ce que serait leur union parfaite, le mensonge de cette union qui toujours s'accomplit en ne s'accomplissant pas. Forment-ils, malgré cela, quelque chose comme une communauté ? C'est plutôt à cause de cela qu'ils forment une communauté.
[...] la mort dont on ne meurt pas [...]
[...] il meurt de n'avoir pas vécu [...] sa mort le prive d'un manque dont il n'aura jamais connaissance [...]p. 87
Assurément, à mesure que le temps passe, discernant qu'avec elle précisément le temps ne passe plus, et qu'ainsi il est privé de ses petites propriétés, « sa chambre personnelle » qui, étant habitée par elle, est comme vide — et c'est ce vide qu'elle établit qui fait qu'elle est de trop [...]