Radicaliser la démocratie

Propositions pour une refondation
Dominique Rousseau, Seuil, avril 2015

Première partie. Les principes de la démocratie continue

1. Le principle politique : la représentation-écart

La fin du gouvernement représentatif

pp. 29-30
« On dit qu'il n'y a point de péril parce qu'il n'y a pas d'émeute. Permettez-moi, Messieurs, de vous dire que vous vous trompez. Regardez ce qui se passe au sein des classes ouvrières qui, aujourd'hui, je le reconnais, sont tranquilles. N'entendez-vous pas qu'on y répète sans cesse que tout se qui se trouve au-dessus d'elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu'à présent dans le monde est injuste ? Et ne croyez-vous pas que, quand de telles opinions descendent profondément dans les masses, elles doivent amener, je ne sais quand, je ne sais comment, les révolutions les plus redoutables ? » Qui parle ainsi ? La gauche de gauche pour justifier son positionnement politique ? Non point ! Le très libéral Alexis de Tocqueville dans un discours à la chambre des députés, le 29 janvier 1848.

2. Le principe juridique : le peuple constitutionnel

La contruction constitutionnelle continue du peuple

p. 56
La force propre du droit, écrivait Pierre Bourdieu, est d'instituer, c'est-à-dire de faire exister, de donner vie à ce qu'il nomme.

3. Le principe sociologique : la société d'individus

L'État de la démocratie représentative : séparation des pouvoirs et suffrage universel

p. 98
[Il] est devenu commun de considérer qu'est démocratique une institution dont les membres sont élus au suffrage universel direct et qui, par ce lien électoral, exprime la souveraineté du peuple.
p. 100
Le doute sur les vertus démocratiques de l'élection n'est pas un phénomène récent. Sans en appeler à Aristote qui pensait le tirage au sort plus démocratique que le vote, l'illusion électorale est dénoncée dès l'apparition du suffrage universel : il fait du citoyen le « souverain d'un jour tous les cinq ans », il est, écrit Proudhon [...] « le plus sûr moyen de faire mentir le peuple ». [...Le] vote [est] accusé de servir les idées que la religion et/ou la capitalisme ont mises dans la tête des citoyens.

La société de la démocratie continue : critique du principe de souveraineté et espace public

p. 104
[Le] lien Constitution/société est ontologique, le lien Constitution/État est historique.
p. 110
La démocratie continue ne se construit pas avec l'instrument qui a servi à construire l'État. Son instrument, c'est la délibération qui est le principe actif du lieu qui la distingue : l'espace public. Selon une représentation classique, héritée [...] de la tradition hégélienne, la société serait divisée en un espace civil et un espace politique. [...] À cette représentation efficace mais un peu rustique, il est possible, dans la logique des travaux d'Habermas, de proposer un autre schéma où s'intercale, entre l'espace civil et l'espace politique, l'espace public.

Seconde partie. Les institutions de la démocratie continue

6. Les institutions du gouvernement démocratique

L'autisme constitutionnel de la Ve république

p. 209
[Le] système de la Ve République n'est ni « souple » ni commode. Il est équivoque et, aujourd'hui, dangereux.
p. 213
[De Gaulle] ne prenait pas le pouvoir sans la responsabilité.

Les institutions d'un système primo-ministériel

pp. 216-217
[Le] scrutin proportionnel produit des alliances voulues puisque, n'étant pas imposées par la technique électorale, elles sont construites par le politique, par le constat de convergences, par la discussion et l'accord sur un programme de gouvernement.
p. 217
[Le] scrutin majoritaire durcit artificiellement les antagonismes et nuit à la recherche politique de compromis.

Le Monde : élections 2002, Schwarzenegger 2003, Élysée 2007,
Médiapart
Essais
Marc Girod