Aharon Appelfeld
Sippur Hayim, 1999
Traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti, 2004
Le Seuil, Éditions de l'Olivier
À la fois un témoignage sur la Shoah,
dans la lignée de
Primo Levi,
et sur l'entre-deux-guerres
(Histoire d'un Allemand,
L'ami retrouvé).
On y voit pourquoi
le discours sur la Shoah a tant tardé à se faire jour,
pourquoi il n'était pas mûr dans les années d'après-guerre,
même si Sartre a pu écrire alors la Question juive.
12, pp. 96-97
[Les instructeurs d'Erets-Israël] étaient des tenants de l'hébreu, et lui [le poète Y. S.], du yiddish. [Ils] parlaient au nom de l'avenir [...] Lui, bien entendu, parlait de ce qui avait été, de la continuité qui serait rompue si on ne parlait pas la langue des suppliciés.
17, p. 124
La guerre est une serre pour l'attention et le mutisme. La faim, la soif, la peur de la mort rendent les mots superflus. À vrai dire ils sont totalement inutiles. Dans le ghetto et dans le camp, seuls les gens devenus fous parlaient, expliquaient, tentaient de convaincre. Les gens sains d'esprit ne parlaient pas.
18, p. 133
La première année en Israël ne fut pas pour moi une sortie vers le monde mais un repli de plus en plus crispé sur moi-même.
19, p. 148
Les années 1946-1950 furent des années très bavardes.
25, p. 193
Ouri Zvi Grinberg :
« L'individu, avec toute l'importance qui est la sienne, n'est pas le reflet du collectif. Le collectif le précède car c'est lui qui a forgé la langue, la culture et la foi. Si l'individu offre ses services au collectif, il l'élève et s'élève avec lui. »