Surprenant. À la fois une inspiration mystique, catholique, pascalienne (encore que Pascal ne soit pas cité) ; une œuvre ancrée dans son temps et dans l'espace allemand : Nietzsche (contre qui le livre se dresse, lui reprochant de s'être trompé d'ennemi quand il dénonce la religion catholique comme une religion des faibles—ainsi que contre Luther), Max Weber, Werner Sombart, Karl Marx, Ferdinand Tönnies), le monde d'hier de Stefan Zweig, avec toutefois des références à Bergson ; et une anticipation d'une critique de la société qui peut faire penser à Debord ou Baudrillard.
Le ressentiment doit donc se trouver au maximum dans des sociétés comme la nôtre où des droits politiques, et à peu près uniformes, c'est-à-dire une égalité sociale extérieure officiellement reconnue, coexistent à côté de très considérables différences de fait, quant à la puissance, à la richesse, à la culture, etc.
p. 116
C'est que les jugements de l'Inquisition étaient rendus au nom de l'amour, non seulement pour l'amour de la communauté des fidèles contaminés par l'hérétique et de leur salut compromis, mais aussi, et c'est cela qui importe, pour l'amour de l'hérétique lui-même, puisqu'on croyait —tout superstitieux sur cela nous paraisse— que la peine temporelle préparait en quelque sorte son âme à recevoir la grâce divine.
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Mais sous cette exigence d'égalité se cachent le ressentiment et la souffrance dus au spectacle des valeurs éminentes ! En réalité, on veut niveler les hommes porteurs de ces valeurs trop gênantes.