L'éthique protestante et l'« esprit » du capitalisme

Max Weber, 1904-1905, 1920
Édité, traduit et présenté par Jean-Pierre Grossein
Tel, Gallimard, 2003

Le capitalisme moderne est né chez les Huguenots qui l'ont exporté en Europe, puis aux États-unis, d'une forme d'ascétisme propre au calvinisme. Les mêmes ingrédients avaient été à la disposition d'autres peuples avant (en particulier des Juifs), mais n'avaient pas produit les mêmes effets.
Weber parle d'affinités électives.

I. Le problème

2. L'esprit du capitalisme

pp. 21-23
« Songe que le temps, c'est de l'argent. Quiconque pourrait, par son travail, gagner 10 shillings par jour, mais se promener ou paresser pendant la moitié du jour, celui-là ne doit pas seulement prendre en compte, même si c'est le cas, le fait qu'il ne dépense que 6 pence pour son plaisir : il a en effet aussi dépensé ou plutôt dilapidé 5 shillings.
« Songe que le crédit, c'est de l'argent. [...]
« Songe que l'argent est d'une nature prolifique et féconde. [...] »
[Benjamin Franklin]

3. La conception de « Beruf » chez Luther. Objet de la recherche

p. 63
Or il est indéniable que dans le mot allemand Beruf, de même que dans le mot anglais calling —et là de façon peut-être encore plus nette—, il y a déjà au moins l'écho d'une représentation religieuse : celle d'une tâche assignée par Dieu[.]

II. L'éthique de la profession comme vocation dans le protestantisme ascétique

1. Les fondements religieux de l'ascèse intramondaine

p. 132
Le « désenchantement » du monde, c'est-à-dire l'élimination de la magie comme moyen de salut, n'avait pas été conduit jusqu'à terme dans la piété catholique comme il l'a été dans la religiosité puritaine (et avant elle seulement dans la religiosité judaïque). [...] Le prêtre était un magicien [...] On pouvait se tourner vers lui dans le repentir et la contrition, il dispensait l'expiation, l'espoir de la grâce, la certitude du pardon, assurant ainsi le soulagement de la formidable tension, dans laquelle le calviniste, lui, était condamné à vivre par un destin inéluctable et que rien ne pouvait adoucir.

2. Ascèse et esprit capitaliste

p 247, note 299
[L'activité de Baxter dans sa paroisse] est un exemple typique de la manière dont l'ascèse éduquait les masses au travail—soit en termes marxistes à la production de « plus-value »—, rendant ainsi tout simplement possible leur mise en valeur dans le rapport du travail capitaliste.
[Première/seule mention de Marx]

Note 300

À l'époque de sa naissance, le capitalisme avait besoin d'ouvriers qui se prêtent, pour des raisons de conscience, à leur exploitation économique.

Anticritiques

I. Remarques critiques sur les « contributions critiques » précédentes

( 1907 )
p. 327
[...] c'est l'esprit d'une conduite de vie méthodique qui devrait être « dérivé » de l'ascèse en sa configuration protestante, tandis que cet esprit n'entretient qu'un rapport d'« adéquation » avec les formes économiques, rapport qui à vrai dire, à mes yeux, revet une grande importance au plan historico-culturel.

Essais
Marc Girod