L'injustice consistant à renflouer les architectes de la crise aux dépens de ses victimes est visible aux yeux de tous.
En fait, comme l'a indiqué le linguiste états-unien George Lakoff, la métaphore du gouvernement comme ménage est un puissant « cadre cognitif » qui a de profondes répercussions sur le pouvoir (et l'absence de pouvoir) de l'État.
Comme l'a très bien montré l'économiste français Thomas Piketty dans son best-seller Le Capital au XXIe siècle, le 1% le plus riche de la population états-unienne s'est considérablement enrichi durant la période où les institutions financières ont créé le plus de crédit.
Il n'est plus temps de prodiguer des interventions d'urgence pour maintenir en vie un système en faillite.
L'« effet du revenu relatif » constitue l'explication la plus largement acceptée de ce qu'on pourrait appeler le « paradoxe d'Easterlin ». En d'autres termes, même si, d'un point de vue global, l'augmentation des revenus ne rend pas un pays plus heureux dans son ensemble, être plus riche que ceux qui vous entourent vous donne néanmoins un avantage.
La possibilité de créer une humanité capable de s'épanouir, d'assurer une cohésion sociale plus forte, d'atteindre un niveau de bien être supérieur et de réduire, dans le même temps, son impact matériel sur l'environnement a certainement de quoi intriguer.
Selon le neuropsychologue Peter Whybrow, notre propension à la surconsommation est « un vestige de l'époque où la survie individuelle dépendait d'une compétition féroce pour des ressources rares ».
[Il] est urgent de nous confronter à certaines réalités : les retours rapidement décroissants de la croissance au-delà d'un certain revenu, les immenses avantages de la croissance des revenus avant ce point et la performance remarquable de certains pays pauvres capables d'atteindre des niveaux de bien-être équivalents à ceux des pays les plus riches alors que leurs revenus dont plusieurs fois inférieurs.
La situation ne manque pas d'ironie, en tous les cas. En fin de compte, la réponse à la question de savoir si la croissance est essentielle pour la stabilité est : dans une économie fondée sur la croissance, la croissance est effectivement essentielle à la stabilité. Le modèle capitaliste ne semble offrir aucune voie facile vers un état stationnaire. Sa dynamique naturelle le pousse vers deux états, l'expansion ou l'effondrement.
À la mi-2008, peu avant l'effondrement de Lehman Brothers, le taux d'épargne du secteur des ménages britanniques a atteint un point bas sans précédent. [...] Il était question de gens ordinaires dépensant de l'argent qu'ils n'avaient pas, pour acquérir des choses dont ils n'avaient pas besoin et pour créer des impressions qui ne dureraient pas sur des personnes dont ils ne se souciaient aucunement.
Nous ne sommes pas et n'avons jamais été les hédonistes égoïstes que la pensée économique conventionnelle voudrait bien que nous soyons, et dont elle a besoin.
L'investissement durable doit se battre pour obtenir des fonds parce qu'il est en concurrence, par exemple, avec la spéculation financière sur les marchandises, les actifs immobiliers ou financiers. Il doit prouver sa valeur par rapport à des crédits à la consommation totalement insoutenables — dont le remboursement, mais aussi la sanction en cas de non-remboursement, sont renforcés par des institutions juridiques. Il doit de battre contre des investissements dans des industries sales, extractives, qui dégradent l'environnement, et dans des chaînes d'approvisionnement qui ne dont rentables que parce qu'elles recourent à diverses formes d'esclavage moderne.
Un grand nombre de ces investissements totalement contraires à l'éthique offrent des taux de rentabilité attractifs à court terme.
Nous disposons de quatre principes aptes à former le socle de la transformation : l'entreprise doit être conçue comme un service, le travail comme une participation, l'investissement comme un engagement vis-à-vis de l'avenir et la monnaie comme un bien social. Ces principes tirent leur substance d'une conception du monde où l'économie n'est pas une fin en soi, mais un moyen de tendre vers la prospérité.
La « loi fondamentale » de Piketty sur la part des revenus du capital ne tient que quand le taux de croissance, le taux d'épargne et le taux de rendement du capital restent inchangés sur de longues périodes.
Note 37, p. 218
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Quand un problème semble aussi rebelle à toute résolution, il est tentant de faire le gros dos, de s'accrocher encore plus désespérément aux points de repère existants ou de sombrer dans une sorte de fatalisme. Accepter le caractère inévitable du changement climatique, d'un monde inégal et peut-être même de l'effondrement de la société, concentrer tous ses efforts sur soi-même.
D'une manière générale, nous devons en déduire que l'économie de demain sera « moins capitaliste ».
Des investissements à plus long terme, moins productifs, sont essentiels pour le développement durable, mais moins attractifs pour les capitaux privés. Il faudra que l'État progressiste s'occupe activement de protéger ces actifs.