Le national-capitalisme trumpiste aime étaler sa force, mais il est, en réalité, fragile et aux abois

Chronique de Thomas Piketty, samedi 15 février 2025
La droite existe et parle fort. Comme souvent dans le passé, elle prend la forme d’un mélange de nationalisme brutal, de conservatisme sociétal et de libéralisme économique débridé. On pourrait qualifier le trumpisme de [...] national-capitalisme. Les saillies trumpistes sur le Groenland et Panama montrent son attachement au capitalisme autoritaire et extractiviste le plus agressif, qui est au fond la forme réelle et concrète qu’a pris le plus souvent le libéralisme économique dans l’histoire.
Le national-capitalisme trumpiste aime étaler sa force, mais il est, en réalité, fragile et aux abois. L’Europe a les moyens d’y faire face.
Si le Parti républicain est devenu aussi nationaliste et virulent à l’égard du monde extérieur, c’est d’abord du fait de l’échec des politiques reaganiennes, qui devaient booster la croissance mais n’ont fait que la réduire et ont conduit à la stagnation des revenus du plus grand nombre.
On constate aussi que le PIB de la Chine a dépassé celui des Etats-Unis en 2016. Il est actuellement plus de 30 % plus élevé et atteindra le double du PIB états-unien d’ici à 2035.

Article,
2025, Le Monde