Sevrée du gaz russe, l’Europe dans le piège de l’énergie chère

Virginie Malingre et Adrien Pécout, le 02 mai 2024
Les Européens importent encore du gaz de Moscou. Car les Russes ont interrompu seulement leurs livraisons qui passaient par Nord Stream et Yamal, pas les autres. Les gazoducs Brotherhood (qui passe par l’Ukraine et alimente l’Autriche et la Hongrie) et Turkstream (par la Turquie, notamment à destination de la Bulgarie) continuent ainsi de desservir l’Union européenne (UE).
Surtout, les Vingt-Sept ont augmenté leurs achats de gaz naturel liquéfié (GNL) russe. Ces importations par navire représentaient 13,5 milliards de mètres cubes en 2021 et sont montées, en 2023, à près de 18 milliards de mètres cubes, selon un rapport publié, le 19 avril, par l’Agence de coopération des régulateurs européens de l’énergie. La France reçoit à elle seule 29 % de ces livraisons, ce qui en fait le deuxième pays de destination derrière l’Espagne (37 %).
En 2023, les importations de gaz livré par Moscou s’élevaient à près de 43 milliards de mètres cubes – soit 15 % des importations de cet hydrocarbure par les Vingt-Sept –, contre plus de 150 milliards de mètres cubes (45 % des importations gazières) en 2021, avant la guerre.
Pour compenser la chute des livraisons de gaz russe, les Européens sont allés chercher d’autres fournisseurs. Les livraisons de GNL américain ont ainsi été multipliées par trois entre 2021 et 2023 et les Etats-Unis sont désormais le premier fournisseur de GNL en Europe et le deuxième fournisseur gazier tout court, derrière la Norvège, mais devant la Russie, l’Algérie et le Qatar.

Article,
2024, Le Monde