Poulpes, écrevisses, abeilles… la conscience animale bouscule la recherche

Entretien avec Martin Giurfa, neuroéthologiste, et Athanassia Sotiropoulos, directrice de recherche à l’Inserm
Propos recueillis par Nathaniel Herzberg et Hervé Morin, lundi 3 juin 2024

Martin Giurfa:

La personne qui prétendrait vous dire ce qu’est la conscience à partir d’une définition unique serait extrêmement arrogante. En revanche, on peut distinguer différents niveaux, dont la sentience, définie comme la capacité d’avoir une expérience subjective telle que des émotions en rapport avec le monde qui nous entoure. Cela renvoie à la capacité des animaux à éprouver ou non, par exemple, de la douleur – ce que nient encore certains chercheurs. Est-ce qu’il y a de la peur, ou une forme d’excitation qu’on pourrait assimiler à de la joie – sans faire d’anthropomorphisme ? Peut-on les objectiver physiologiquement ? [...]
Au-delà, il y a d’autres niveaux plus élaborés. La conscience de soi : savoir que je suis moi, ici, dans cette réalité. Savoir aussi que je sais, ce qu’on appelle la métacognition, l’évaluation introspective de notre vécu et de nos connaissances.

2024, Le Monde