À Jérusalem, en 1967, le retour du religieux

Israël-Palestine, la guerre sans fin (3/5)
Gilles Paris, mercredi 9 janvier 2024
Le 2 juin, [le premier ministre] Levi Eshkol avait ainsi lancé aux va-t-en-guerre : « Une victoire militaire ne mettra pas fin au problème car les Arabes ne vont pas disparaître. »
Le 26 mai, au cours d’une réunion de l’état-major, Yitzhak Rabin avait écarté toute velléité expansionniste, si la guerre tournait à l’avantage d’Israël. La position du gouvernement, a-t-il rappelé, est de considérer d’éventuels gains territoriaux comme une monnaie d’échange en vue d’un futur accord de paix, comme ce sera le cas une décennie plus tard avec le Sinaï et l’Egypte, conformément à la résolution 242 des Nations unies, adoptée en novembre 1967, qui souligne « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ».
« Le gouvernement aurait pu nous ordonner de ne pas prendre Ramallah. Il aurait pu nous ordonner de ne pas prendre Jéricho, ou de nous arrêter avant Bethléem, ou avant Hébron, ou avant Naplouse. Ils ne l’ont pas fait parce que je pense qu’ils étaient dépassés par la situation et qu’ils n’ont pas eu le temps de dire stop », précisera [le responsable militaire de la région centre Uzi Narkiss].
Le premier ministre israélien arbore un « V » churchillien. A son épouse qui s’interroge, Levi Eshkol répond avec humour : « Non, ce n’est pas un signe V en anglais, c’est un signe V en yiddish ! Vi krikht men aroys ? », qu’on peut traduire par « comment s’en sortir ? »
Jusqu’alors, les autorités israéliennes se sont calées sur les principes de David Ben Gourion, qui préférait « un petit Israël avec la paix » à « un Grand Israël sans la paix ».
La déroute des régimes arabes laisse les coudées franches à un courant nationaliste incarné par Yasser Arafat et par le Fatah.

Israël-Palestine, la guerre sans fin,
2024, Le Monde,
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