En Israël, de la promesse de concorde à l’incendie identitaire

[19 juillet 2018,] adoption d’un texte historique et controversé, par 62 voix contre 55, définissant Israël comme « le foyer national du peuple juif ». [...] La formule retenue considère le développement de communautés juives comme une « valeur nationale », sans préciser si c’est en Israël même ou en Cisjordanie occupée. Un flou calculé. [...] [La loi fondamentale] définit aussi Jérusalem comme la capitale « complète et unifiée » d’Israël, alors que le statut de la Ville sainte ne devrait être tranché qu’au terme de négociations de paix avec les Palestiniens, en vertu du consensus international. Le texte accorde aux seuls Juifs le droit à l’autodétermination.
Cette insistance s’accompagne d’une dégradation, celle de la langue arabe. Elle cesse d’être langue officielle au même titre que l’hébreu, et se voit dorénavant attribuer un « statut spécial ».

Une rupture d’égalité – un principe au cœur de la promesse de 1948, oublié dans la nouvelle loi – apparaît clairement. Mais elle existe déjà en pratique.

En avril 2023, le Bureau central des statistiques estimait que la population totale dans le pays s’élevait à 9,7 millions de personnes, dont 7,1 millions de Juifs (73,5 %) et 2,04 millions d’Arabes (21 %). Mais si on ajoute la population palestinienne en Cisjordanie et à Gaza, la majorité juive devient rachitique, voire inexistante.

La première étape [de la gestion unilatérale du conflit] a été le retrait de la bande de Gaza, en 2005. Une décision historique, prise par le premier ministre de l’époque, Ariel Sharon, sans concertation avec l’Autorité palestinienne (AP).
[...] Le retrait israélien de Gaza ouvre dès lors la porte du pouvoir au Hamas, qui va obtenir des résultats inattendus aux élections de 2006, puis régler ses comptes par les armes avec le Fatah et s’accaparer tous les pouvoirs dans l’enclave à partir de 2007.