Les lois, les quotas, les opérations de rénovation urbaine, le bâton et la carotte, rien n’y fait : « On continue de loger les plus pauvres avec les plus pauvres, constate le géographe Grégoire Fauconnier, auteur de Loi SRU et mixité sociale. Le vivre-ensemble en échec ? (éditions Omniscience). Force est de constater que la politique de mixité est un échec. »Contrairement à certaines idées reçues, les habitants des quartiers populaires subissent ce manque de diversité et le déplorent. [...] « Ce sont les catégories bourgeoises qui sont à l’origine de cette ségrégation, les populations modestes accusées de communautarisme sont celles qui réclament de la mixité », précise M. Fauconnier.
Toutes les communes ne jouent pas le jeu malgré les sanctions financières imposées par la loi Solidarité et renouvellement urbain (loi SRU, votée en 2000) qui oblige les villes à se doter de 20 % de logements sociaux, puis de 25 % pour 60 % d’entre elles. Aujourd’hui, plus de 1 000 communes sont déficitaires tandis que de nombreuses autres se contentent de « respecter la lettre de la loi SRU, mais pas l’esprit », alerte M. Fauconnier. Elles contournent, en effet, ces obligations en ne créant que du social haut de gamme, dit PLS, en multipliant les logements étudiants ou les places en Ehpad, qui sont comptabilisés dans les 20 %. Résultat, elles se conforment à la loi sans accueillir un seul pauvre. « Et lorsqu’elles se décident à construire pour les plus précaires, elles ne font que des petites surfaces pour éviter d’avoir des familles nombreuses », poursuit le géographe.