« CumEx Files » : un pillage fiscal à 140 milliards d’euros, quatre banques françaises dans le viseur du fisc
Maxime Vaudano , Jérémie Baruch et Anne Michel
21 octobre 2021
La France est la première victime de cette fraude aux dividendes,
appelée « CumCum » dans le jargon financier.
En vingt ans, elle a coûté au moins 33 milliards d’euros de recettes fiscales.
Ce chiffre de 140 milliards d’euros,
qui pallie l’absence de mesure officielle du phénomène par les autorités,
est près de trois fois supérieur
à l’estimation de 55 milliards établie en 2018,
car l’équipe a pu documenter l’existence de ces pratiques
sur une période plus large (2000-2020) et un spectre géographique plus étendu.
L’importance de ses marchés financiers a fait de la France
la première victime de ce pillage fiscal.
Ainsi, en vingt ans, elle a perdu au moins 33 milliards d’euros
de recettes fiscales à cause de cette pratique d’arbitrage de dividendes,
appelée « CumCum » dans le jargon financier.
C’est l’équivalent du grand plan d’investissement France 2030
annoncé, mardi 12 octobre, par Emmanuel Macron.
Si les instruments financiers utilisés sont complexes,
le principe de la fraude est simple.
Il consiste à échapper à la taxe sur les dividendes
que sont tenus de payer à la France
tous les propriétaires étrangers d’actions
de groupes français cotés en Bourse –
petits épargnants allemands
comme grands fonds d’investissement américains.
Pour ce faire, il leur suffit de se débarrasser
de leurs actions au bon moment.
Une banque française accepte de jouer l’homme de paille
en « portant » leurs actions pendant quelques jours,
au moment précis où la taxe doit être collectée
– en prélevant au passage une commission.
Résultat : personne ne paie jamais
la taxe sur les dividendes : ni la banque française,
qui se présente comme un simple intermédiaire,
ni le véritable propriétaire étranger,
qui n’est tout simplement pas identifié.
En ligne,
CumEx files,
Le Monde
Marc Girod
Thu Nov 4 07:41:36 2021