Dans les « trains verts », une Chine populaire

Frédéric Lemaître
Jeudi 12 novembre 2020
Une étudiante chinoise qui nous accompagne est prise à part par le chef. « Qui a payé ton billet ? Dis au photographe qu’on veut voir ses photos. Et pas de questions sur les sujets sensibles. »
Ces gens-là sont des touristes partis randonner et pêcher dans les montagnes et les rivières du Guizhou. La plupart de ces septuagénaires étaient ouvriers dans une fabrique d’ampoules électriques. Leur vie a été rude ; ils ont connu la famine de la fin des années 1950, puis la Révolution culturelle. Mais, aujourd’hui, ils vivent en paix et leur retraite les autorise à s’offrir un séjour à la campagne.
Ayant pu prendre sa retraite à 60 ans, voire dès 50 ans pour les femmes, cette génération est parfois enviée par les plus récentes qui sous-estiment, voire ignorent, les souffrances qu’elle a dû endurer jusqu’à la fin des années 1970. Ces retraités font désormais partie d’une classe moyenne qui, entre les riches Pékinois et Shanghaïens et les pauvres paysans du Guizhou, passe souvent inaperçue. Pourtant, elle incarne l’une des principales réussites du régime : la sortie de la grande pauvreté de plusieurs centaines de millions de personnes, en l’espace d’une génération.
Même dans la Chine du XXIe siècle, les trains verts ont encore de l’avenir.

Article,
Le Monde
Marc Girod
Thu Nov 26 08:18:50 2020