Au cours du XXe siècle, le précieux mollusque a [...] été frappé par diverses épizooties, éradiquant presque totalement l'huître plate endémique dès les années 1920, au profit de l'huître creuse portugaise, elle-même décimée en 1970. Pour réensemencer les bassins, il fut décidé en 1971 de faire venir massivement des naissains de Crassostrea Gigas, une huître de souche japonaise plus résistante, qui peuple désormais la quasi-totalité des parcs ostréicoles hexagonaux [...]Or la Gigas n'a pas non plus été épargnée : frappées d'un virus (l'herpès de l'huître) en 2008, les juvéniles ont connu une mortalité pouvant aller jusqu'à 90 % des stocks [...] Malgré tout, la France reste le plus gros producteur d'huîtres en Europe : depuis 2008, 80000 tonnes annuelles en moyenne selon le comité de la conchyculture, soit 50000 tonnes de moins qu'auparavant, mais toujours près de dix fois plus que l'Irlande, le deuxième pays producteur européen.
En 1997, l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) a créé l'huître triploïde (l'huître « normale », dire diploïde, a deux paires de chromosomes, la triploïde, trois), ou huître « des quatre saisons », manipulée pour être rendue stérile afin de pouvoir être consommée toute l'année, comme son surnom l'indique. Pas tout à fait un OGM, mais un OVM ou organisme vivant modifié. Comme elle ne perd pas d'énergie à se reproduire, l'huître triploïde (dont les naissains sont ensuite vendus aux ostréiculteurs) atteint sa maturité en deux ans, plutôt que trois pour les huîtres naturelles [...]
[...] vingt ans plus tard, les résultats sont tout sauf satisfaisants : intensification des parcs d'élevage, dégradation des écosystèmes marins, perte de biodiversité, surmortalités massives... La triploïde est un faux miracle.