Piketty :
« Il faut restructurer l'ensemble des dettes européennes »
Le FMI a pris l'habitude dans la communauté internationale
de ne jamais effacer ses dettes.
L'Europe devrait reprendre la partie de la dette du FMI :
c'est 20 ou 30 milliards d'Euros,
alors que le bilan de la Banque centrale européenne (BCE)
avec la politique de quantitative easing de Mario Draghi
doit passer de 2000 à 3000 milliards.
Dans l'histoire, on trouve des dettes publiques bien supérieures
à 200 % du PIB et on s'en est toujours sorti.
La solution de l'Allemagne et de la France dans les années 1950,
c'est un mélange de restructuration, d'annulation de dette,
d'inflation, d'impôts exceptionnels sur les patrimoines privés,
qui ont permis à ces deux pays de réduire leur dette
de plus de 200 % du PIB en 1945 à guère plus de 30 %
en 1955, sans jamais les rembourser.
En pourcentage du PIB européen, l'annulation de la dette allemande
en 1953 fut bien plus importante que la dette publique grecque actuelle.
Dans cette crise qui nous a mis en stagnation, on a perdu beaucoup
plus d'argent à cause de la croissance que tout ce qu'on pourrait perdre
avec la dette grecque.
À un moment, quand les dettes sont trop élevées,
cela pèse sur la croissance d'une façon telle qu'il vaut mieux
les annuler.
La Grèce a raison de refuser le diktat de la « troïka »
Joseph E. Stiglitz
Le programme économique que la « troïka »
(la Commission européenne, la Banque centrale européenne
et le Fonds monétaire international) a imposé à la Grèce il y a cinq ans
était une aberration.
Il a conduit à une baisse de 25 % du PIB du pays.
Je ne connais aucun exemple d'une dépression qui aurait été créée
de manière aussi délibérée et dont les conséquences auraient été
aussi catastrophiques.
Le taux de chômage parmi les jeunes Grecs dépasse maintenant 60 %.
Le Monde
Marc Girod