La vérité sur ton cerveau et les écrans

La dopamine

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La dopamine joue des rôles dans plein de trucs : la régulation de la température corporelle, genre les cycles réveil-sommeil, des trucs dans la digestion, dans des tonnes de choses. Ce n'est pas seulement la molécule du plaisir. Le mythe autour de la dopamine, c'est que la dopamine serait la molécule qui nous apporte du plaisir, la molécule du bonheur.

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Si on élimine toutes les autres fonctions de la dopamine parce que ça ne nous intéresse pas aujourd'hui, le plus proche serait un neurotransmetteur lié à l'apprentissage. Quand je fais quelque chose, mon cerveau est un organe prédictif, j'ai besoin d'un feedback qui me dit « OK, ce que tu as prédit s'est bien passé, ou pas ». La dopamine jouerait un rôle dans la prédiction de l'erreur.

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On n'a pas de moyen de mesurer la dopamine dans le cerveau, encore moins de mesurer la dopamine dans des synapses spécifiques du cerveau qui seraient impliqués dans le bonheur. La majorité de ces inférences viennent d'expérimentations animales. On ouvre le crâne, on prend des tissus et on mesure. Avec les animaux on se permet de faire ça. Chez les humains adultes ou adolescents qui sont sur les réseaux sociaux, on n'a pas moyen de faire ces tests. Donc, c'est souvent par des imageries parce qu'on sait à peu près quelles régions contiennent des synapses de quel type. on va montrer des stimulis sur des écrans dans des IRM à des gens allongés et se dire ce sont peut-être des signaux dopaminergiques qui sont activés. C'est vraiment une hypothèse très ténue. C'est pas qu'elle soit fausse mais il y a rien aujourd'hui qui nous permette d'affirmer qu'elle est vraie.

Les circuits de la récompense

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Si ces comportements addictogènes et addictifs sont le fruit de 100000 ans d'évolution, c'est pas une détox d'une semaine qui va inverser l'évolution de l'espèce. [...] L'hypothèse du sucre revient à quand on était chasseur-cueilleur. La gratification instantanée date de centaines de millions d'années. Alors que la dopamine détox, c'est des programmes de 10 jours. Dire qu'on va inverser des centaines de milliers d'années de conditionnement, c'est pas le bon niveau explicatif. Coupez-vous de votre téléphone pendant une semaine parce que ça va vous aider à faire autre chose, pas à cause de votre dopamine.

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Pour moi, ça joue vraiment beaucoup plus au niveau de l'attention et de la friction qu'au niveau du plaisir et de la dopamine et je sais pas quoi. C'est pour ça que s'appelle la captologie, c'est la captation de l'attention.

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Évidemment que quelqu'un qui utilise 7 heures par jour les outils numériques, c'est pas bon. Mais quelqu'un qui va à la salle de sport 7 heures par jour, c'est pas bon non plus.

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Mettre en commun les pertes pour moi c'est ça qui est le plus gros problème avant tout. Et moi je parlerais même pas de brain rot, je parlerais de body rot parce c'est tout le body qui est en train de rot.

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Ça s'appelle la loi de Goodhart. On a créé des méthodes d'évaluation qui font que pour les étudiants, c'est plus important d'avoir une bonne note que d'apprendre. Et donc si on met à leur disposition un outil qui peut créer une sorte de court circuit pour avoir la bonne note, on peut pas après s'étonner qu'ils soient en train d'essayer de l'utiliser. Si ChatGPT va me garantir une meilleure note que faire l'effort, j'ai envie de dire que les élèves sont en train d'agir de manière complètement rationnelle.

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Le problème avec la Orphan-Crushing machine, c'est que les profs n'ont pas de moyens pour gérer tout ça. On va blâmer ChatGPT pour un manquement généralisé de l'Éducation Nationale qui est en train d'être délabrée depuis longtemps. [...] Imaginez que ces élèves aiment bien le foot. Jamais ils ne vont demander à ChatGPT qui sont les meilleurs joueurs. Ils vont regarder les matchs, ils vont le faire ensemble, ils vont aller au bar parce que ça les intéresse. Et donc la question qu'on devrait se poser, c'est pas comment est-ce qu'on interdit ChatGPT à l'école, c'est comment est-ce qu'on redonne envie d'apprendre au lieu de donner juste envie d'avoir une bonne note.

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Pour moi, le plus gros problème c'est cette vision méliorative de l'humain où il faut tout le temps être de plus en plus efficient, de plus en plus efficace, de plus en plus rapide, ne pas perdre de temps. Et ça c'est une vision philosophique de notre société qu'il va falloir changer indépendamment des des outils.