[~24 min] Si je pensais, dit Sartre, que l'histoire fût une piscine pleine de boue et de sang, je ferais comme vous j'imagine, et j'y regarderais à deux fois avant de m'y plonger. Mais, supposez que j'y sois déjà, supposez que de mon point de vue, votre bouderie-même soit la preuve de votre historicité, [il va ... montrer que la manière de Camus d'être dans la piscine, c'est de déclarer qu'il n'y est pas] supposez qu'on vous réponde comme Marx : « L'histoire ne fait rien, c'est l'homme, l'homme réel et vivant qui fait tout, l'histoire n'est que l'activité de l'homme poursuivant ses propres fins ». [...]En apparence, nous avons au départ une critique du désengagement historique de Camus en tant que Camus se tiendrait sur le bord de la piscine. Mais en fait, cette critique de son désengagement devient vous le voyez au fil du texte la critique de son engagement en réalité. De l'engagement que son désengagement représente à l'intérieur du monde, ce qui prouve que engagement a deux sens. Il y a l'intériorité à l'histoire, mais en réalité, cette intériorité à l'histoire n'est qu'une figure de l'engagement ontologique, et donc elle est inéluctable et nécessaire, même si l'histoire est une piscine pleine de sang et de boue et bien on est dedans, on patauge avec tout le monde, [...] et puis il y a l'engagement au sens du choix d'un camp dans un réel qui se trouve être un réel divisé.