Miklós Radnóti
Œuvres 1930-1944
Traduit par Jean-Luc Moreau
Phébus, 2000
la belle au soleil ira se sécher
et claquant des dents voudra que je vienne
entre ses cuisses mélodieuses.
Je t'aime !
Le bouton de tes seins clignote
en étoile qui va dormir !
Parce l'Espagne t'aimait,
que les amants disaient tes vers,
ils sont venus, ils t'ont tué
Tu as marché sur des sommets de vent et de lumière
et vu s'agenouiller dans les buissons d'épines
de la montagne un doux chevreuil au crépuscule ;
sur un arbre au soleil tu as vu perler la résine,
et sortir de la rivière une fille toute nue...
Un grand lucane un jour sur ta main s'est posé...
je savais qu'armé d'un glaive un ange était là toujours
qui me suivait, me gardait, qui me porterait secours.
car je ne sais plus ni mourir, ni vivre sans toi désormais.
Nous nous aimons beaucoup, aussi ne nous écrivons-nous presque pas. Notre affection est trop solide pour avoir besoin de preuves épistolaires.