Les gardiens de la raison
Enquête sur la désinformation scientifique.
Stéphane Foucart,
Stéphane Horel, Sylvain Laurens
Cahiers libres, la Découverte, 2020
3. Le crime de précaution
pp 67-93
Deux mensonges de même structure :
la crainte de répandre du chlore
aurait été responsable d'une épidémie de choléra au Pérou en 1991,
puis en Haïti en 2010.
Et un précédent : celui du DDT
(banni de ses usages agricoles en 1972)
et du paludisme
(sa recrudescence s'expliquerait par l'abandon du DDT,
le tout mis sur le compte du livre de Rachel Carson en 1962), en 1975,
repris en France en 2014.
4. Le danger risquologique
pp. 95-128
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ)
a classé le glyphosate comme « cancérogène probable »
en 2015,
tandis que L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa)
juge que la substance ne possède pas de propriétés cancérogènes.
L'argument est que le Circ conclut à un danger,
alors qu'il n'y a pas de risque.
[...] Une réussite spectaculaire en termes de communication [...]
Il s'agit en réalité d'une supercherie [...]
Aucune agence au monde n'a réalisé d'évaluation du risque [...]
Le problème est qu'on ne peut pas éviter d'être exposé au glyphosate [...]
Des éléments de langage élaborés par les communiquants de Monsanto
sont « validés » comme arguments scientifiques.
Conclusion
p. 321
Portés par l'idée d'un acteur rationnel isolé
en apesanteur de la société,
les gardiens de la raison ne sont pas équipés
pour penser une crise sanitaire de l'ampleur de celle du SARS-Cov-2 [...]
La menace la plus grave provenait de la mise sous extrême pression
d'outils collectifs vitaux, comme les hôpitaux
et les équipements sociaux — rendus exangues
par les politiques ultralibérales qu'ils chérissent.
Si l'on peut attribuer un mérite à la crise du Covid-19,
c'est sans doute celui d'avoir subitement levé le voile
sur les usages les plus opportunistes de l'autorité scientifique
par ces libéraux déguisés en rationalistes.
Politique