Le bonheur était pour demain

Les rêveries d'un ingénieur solitaire
Philippe Bihouix
Éditions du Seuil, Points, Terre, 2019 -- Postface de septembre 2022

Dédicace

p. 7
À toutes celles et ceux que le passé inquiète.

Partie I. Réflexions sur les temps passés et présents

Première promenade : De Thomas More à Gordon Moore

pp. 17-19
Submergés par le techno-solutionnisme.
Valéry : « la monotonie de la nouveauté, et l'ennui des merveilles et des extrêmes. »

Taxinomie des promesses technologiques

Corne d'abondance
Techno-esclaves
Humanité « augmentée »
Réparer les dégâts
Survol philosophique

Généalogie des promesses technologiques

Prémices
XVIe et XVIIe siècle, le grand bond en avant
XVIIIe siècle, les Lumières contre l'absolutisme
XIXe siècle, accélération et premiers doutes
Première moitié du XXe siècle, enthousiasme et dystopies
1950-1980, magie de l'atome, exponentielles versus limites
1980-2000, fin de l'histoire et nouveaux départs technologiques

Deuxième promenade : Limites de la matérialité

Premières réflexions

Du culte néoschumpétérien

Innovation à perpétuité ?
Innovation, la baïonnette dans le dos ?
Innovation cantonnée

Les limites matérielles de l'utopie

Inertie vs. exponentielle
Enjeux systémiques et ressources
Coûts et pyramide sociale
p. 100
Si vous n'êtes ni milliardaire ni membre d'une quelconque élite, il serait bien naïf de vous réjouir ou d'espérer autre chose que quelques maigres retombées plébéiennes.

Retour à la (probable) réalité

Garder la tête froide
Un chemin long et coûteux

Troisième promenade : Sur le frein et l'accélérateur

p. 110
Soljenitsyne : Ce que le moindre grand-père a compris depuis toujours dans son village d'Ukraine ou de Russie : qu'une douzaine de vers ne peuvent indéfiniment ronger le même fruit, que si notre globe terrestre est limité, ses espaces et ses ressources le sont aussi, qu'on ne peut y poursuivre ce progrès sans fin, illimité, que les utopistes du règne de la Raison nous ont fourré dans la tête. [Lettre aux dirigeants de l'Union soviétique et autes textes]

IoT et big data

Florilège connecté
Le grain et l'ivraie ?
Corrélation et causalité
p. 121
Olivier Rey : « Cette stérilité doucha pour un temps l'enthousiasme numérique. »

Études de cas plus prospectives

p. 122
Les jeunes pousses peuvent faire appel à des financements privés. Il faut alors chercher l'explication du côté du quantitative easing. En français technocratique, assouplissement quantitatif, et en français normal, planche à billets.
Hyperloop
Big f*** exoplanètes
Stockage sur ADN
Cryogénise-moi toute !

Kipling reloaded

Crépuscule de l'utopie ?

Quatrième promenade : Fatigues de la disruption

Alternatives en marche ?

Dans la famille de l'économie « durable »
p. 143
Quelle entreprise commencerait par se poser la question de l'utilité sociale de ses produits ou services rendus ?
p. 148
Le canevas des pistes et « actions à mener » n'est pas mauvais ; mais le résultat est un papillonnage entre un peu d'éco-conception, quelques éco-labels, la conduite laborieuse de quelques workshops territoriaux...
p. 149
S'il faut, demain, construire moins de bâtiments, et d'ouvrages d'art, ne plus tracer de routes nouvelles, fabriquer moins de voitures et plus un seul sac plastique... il sera difficile de demander aux entreprises d'accélérer cette destruction créatrice d'un nouveau genre... celle du chiffre d'affaires !
L'économie interstitielle, famille recomposée

Croissance, j'écris ton nom

Le découplage est-il possible ?
p. 154-155
On constate bien un découplage relatif entre produit intérieur brut et consommation d'énergie ou émissions de CO2. Il a même tendance à s'accentuer [...] Les dernières années montrent également un certain décrochage entre l'énergie primaire et le CO2, une baisse du « contenu carbone » de l'énergie. [...]
Mais les émissions sont déjà trop élevées, et pour continuer à laisser croître le PIB, il faudrait aller plus loin et obtenir un découplage absolu, que le PIB puisse croître pendant que les émissions baissent.
La mariée était trop belle
Moins intense en énergie primaire, l'économie reste gourmande en ressources métalliques [...]
p. 159
Dans les pays européens, c'est l'effet du solde du commerce extérieur, incontestable, qui annihile les espoirs de dématérialisation : si nous émettons moins de CO2, c'est parce que nous l'importons sous forme de produits finis et semi-finis.
p. 160
Ce qu'on appelle la méthode des prix hédoniques :
L'indice officiel du prix des automobiles, par exemple pour les années 1995 à 2001, n'a augmenté [en Allemagne] que de 5,2 %, alors que les prix de vente ont connu une hausse bien plus forte, de 17,2 %. D'après l'explication de l'Office fédéral de la statistique allemand, la différence « vient du fait que l'amélioration qualitative des voitures individuelles pour cette période représente 11,9 % de la valeur du prix de vente de l'année 1995. »
Comptons sur les voisins, géographiques ou sectoriels

Écrans de fumée supplémentaires

Les nouveaux optimistes
Pénurie ou abondance ?

Cinquième promenade : Dans le cœur de chaque homme

Le consomm'acteur, révolution en marche ?

Économie poussée
Inertie... encore
Syndrome stalinien — sans le Goulag quand même
Syndrome stalinien (bis)

De la nature humaine

Rousseau vs. Soljenitsyne
Coopération et compétition
p. 187
Olivier Rey : « L'uniformité des êtres ne peut qu'accentuer entre eux les processus mimétiques. »
Homo (homini) lupus est
Faire avec, ou changer la nature humaine ?

Partie II. Réflexions sur les temps futurs

Sixième promenade : L'effondrement, pour hier ou pour demain ?

Shifting baselines

Généralisation, épisode 1
Généralisation, épisode 2
À retenir pour le monde à venir
One step beyond

Saturation

Les trois grâces
Détestation individuelle, intérêt collectif
Malthus et les utopistes
Julian Simon avait tort
Négation de la saturation
Conséquences de la saturation

Effondrement, quel effondrement ?

pp. 234-235
Une métaphore aéronautique au bilan carbone contestable : je préfère chercher comment sortir le train d'atterrissage, même si la piste est trop courte et les moteurs en flammes ; tout en sachant bien, dans le brouhaha des autres passagers, que l'équipage n'aura que faire de mes réflexions de client de la classe économique.

Septième promenade : Ingérable complexité

pp. 239-240
C'est ainsi qu'apparaît une nécessaire technostructure (qui par ailleurs possède ses propres motivations et poursuit ses propres buts), et que les ventes doivent être garanties par la commande publique (exemple des programmes militaires et spaciaux) ou une « filière inversée » [Galbraith], où les grandes firmes influencent les consommateurs.

La complexité croît partout

Complexité économique et juridique
p. 243
Que dire de la concentration capitalistique, avec une société comme Foxconn, à l'ambiance furieusement Zola 2.0, qui produit 40 % de toute l'électronique mondiale, dans des usines gigantesques ?
Complexité internationale, politique et sociale
Complexité personnelle
Complexité 3.0 ?
pp. 247-248
Les logiciels et les capacités de calcul croissantes offrent de nombreuses possibilités, des plus utiles aux plus absurdes, comme les transactions financières à haute fréquence (high-frequency trading) : « Après la Seconde Guerre mondiale, un titre appartenait à son propriétaire pendant quatre ans. En 2000, ce délai était de huit mois. Puis de deux mois en 2008. En 2013, un titre boursier change de propriétaire toutes les 25 secondes en moyenne. »

Risques ou opportunités ?

Fragilité de la puissance
Impossibilité d'appréhender le monde
Vers une croissance illimitée du savoir... et de l'économie

Simplifier le monde

Stabiliser la complexité
La simplification est-elle possible ?

Huitième promenade : À la source, tous les maux

Vaine économie réparatrice

pp. 270-271
Nous produisons de l'ordre de 400 millions de tonnes par an de plastiques divers [dont] 8, peut-être 10 ou 15 millions — les estimations varient un peu — terminent chaque année dans les océans. Or, en n'en retrouve en surface, au total qu'environ 0,3 million de tonnes [...] Qu'est devenu le reste ? Une partie va revenir à la terre ferme [...] Le reste tombe au fond des océans, où il y en aurait au bas mot pour 300 millions de tonnes [...]
À cela il faut ajouter les microplastiques « primaires » (c'est-à-dire non issus de la dégradation d'autres objets ou particules plastiques), qui s'accumulent dans la chaîne alimentaire marine. Pour ce qui est des océans, il y en aurait pour 1,5 millions de tonnes par an. D'où viennent-ils ? [...] essentiellement des textiles synthétiques, via nos machines à laver (35 %), des voitures (via l'usure des pneus et des peintures routières (35 %), et de la « poussière des villes » (25 %).

Sobriété avant tout

Tartufferies et opportunités de l'économie poussée
Soljenitsyne, à l'aide !

Oser le réglementaire

Sobriété ou efficacité
Faisabilité démocratique
Questions d'échelles et de périmètres

Neuvième promenade : À toutes les échelles

La « transition » par la face nord

Gratuité et communs
Revenu universel

Le salut par le marché ?

La finance verte, une mutation improbable
Toutes choses égales par ailleurs

Ici et maintenant

Technologie disruptive... ou réglementations et choix disruptifs
Initiatives locales
Vers un nouveau contrat social (et environnemental ?)

Dixième promenade : Ce qui compte, c'est l'esprit

p. 327
Samuel Butler : « Qui labourerait ou sèmerait s'il ne croyait pas en l'immuabilité de l'avenir ? »

Changer de rêves

La tête dans les étoiles
Vers une nouvelle utopie ?

Le retour de la vertu

Hic sunt dracones

p. 344
Thomas More : « Je le souhaite plus que je l'espère. »

Postface : Régime de croisière

p. 345
Paul Nizan : « Comme ces jeunes gens vivaient dans un pays qui en vaut bien un autre [...], ils se disaient qu'il fallait changer le monde. Ils ne savaient pas encore comme c'est lourd et mou le monde, comme il ressemble peu à un mur qu'on flanque par terre pour en monter un autre beaucoup plus beau, mais plutôt à un amas sans queue ni tête de gélatine, à une espèce de grande méduse avec des organes bien cachés. » (La Conspiration)

Du côté des promesses technologiques

Shifting baselines, la suite

p. 355
Vous reprendrez bien un peu de croissance? Non merci j'en ai assez.

La grande pénurie qui vient ?


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