Séduisant de prime abord, mais pas tout à fait convaincant. L'auteur commet une erreur du même ordre que celles qu'il dénonce chez les tenants de l'homme dénaturé et les néo-populistes (qu'il caricature, avant de reprendre en conclusion des arguments très semblables) : le recours à une explication réductrice et mythique (insuffisamment démontrée). En l'occurrence, il n'est pas sûr que les lois de la gravitation universelle existent après qu'Einstein nous a appris à ne plus y croire. Le problème de l'action à distance, dont Newton était conscient, est fondamental. Les lois de Newton ont été décisives pour quantifier le comment des phénomènes, mais elles ont laissé le pourquoi sur la touche. Bronner semble ne pas avoir compris la théorie darwinienne de l'évolution. La contingence est le contraire du déterminisme réductionniste : les choses auraient pu se passer autrement !
Même les platistes — qui défendent la théorie selon laquelle la Terre est plate — connaissent aujourd'hui une certaine audience puisqu'ils ont tenu leur premier congrès international en 2018. Ils aiment d'ailleurs à rappeler qu'ils ont « des membres tout autour du monde » [sic]p 18
Une telle croyance très marginale repose néanmoins cette lancinante question : pourquoi la libre concurrence sur le marché cognitif ne fait-elle pas tout simplement disparaître ce genre d'allégations ?
[Si] l'on y songe, la France possède aujourd'hui un capital d'un milliard cent trente-neuf millions d'années de temps de cerveau disponible !
À titre de comparaison, la France de 1800, avec ses deux années de temps de cerveau disponible sur toute une vie (compte tenu de l'espérance de vie à la naissance) et ses 29 millions d'habitants, pouvait compter sur 58 millions d'années de cerveau.
Une recherche pourtant sur 1500 jeunes âgés de quatorze à vingt-quatre ans, au Royaume-Uni, a montré que la plateforme de partage photographique générait plus de malaise et de sentiment négatif que tous les autres réseaux sociaux. Pire, elle accroît les symptômes d'orthorexie névrotique — la tendance pathologique à vouloir ne consommer que des aliments sains.
Comme le déclarait l'auteur de science fiction Philip K. Dick : « La réalité, c'est ce qui continue d'exister lorsqu'on cesse d'y croire. »
Les lois de la gravitation universelle existaient avant qu'Isaac Newton ne les découvre.
Le sociologue Pierre Bourdieu fut précisément l'un des grands promoteurs de cette expression [tout se passe comme si]. Il avait pourtant conscience du piège du biais d'intentionnalité mais n'arrivait manifestement pas toujours à le mettre à bonne distance de ses analyses.
[Le populisme] peut se définir de façon minimale comme une idéologie assez maigre conceptuellement, qui place au cœur de son analyse l'idée d'une trahison du peuple vertueux par des élites corrompues, laquelle ne peut être lavée que par l'expression politique directe d'un peuple vengeur, sans plus de contrepoids institutionnels.
Le mythe de l'homme dénaturé tout autant que les mots d'ordre des néo-populismes enserrent le débat public et les possibilités d'intelligibilité du monde. [...] C'est pourquoi il convient de créer un espace narratif et analytique entre ces deux pentes. Ce n'est pas autre chose — mais c'est beaucoup — qu'ambitionne ce livre.
On a ainsi souligné que la capacité à passer le test [du marshmallow] avec succès était moins liée à un tempérament qu'aux antécédents sociaux et économiques des enfants.