[...] nous ne nous reproduisons pas en nous dédoublant, mais en créant, à deux, un nouvel être, à la fois semblable et différent de nous. En dissociant irréductiblement l'individu de sa descendance, l'évolution nous a ancrés dans la diversité et dans la mort.
D'une manière troublante, contre-intuitive, paradoxale, un événement perçu jusqu'ici comme positif —la vie— semble résulter de la négation d'un événement négatif —l'autodestruction. Et un événement perçu jusque là comme individuel, la vie, semble nécessiter la présence continuelle des autres —ne pouvoir être conçue que comme une aventure collective.
La notion de mémoire présupppose la capacité de distinguer entre des informations nouvelles, auxquelles nous n'avons jamais été confrontés auparavant, et des informations que nous avons déjà rencontrées. Se souvenir, c'est reconnaître ; et reconnaître, c'est répondre différemment la deuxième fois de la première.
L'immense quantité d'informations génétiques détaillées qui seraient nécessaires à une détermination précise et exhaustive de la construction de notre système immunitaire (formé de plusieurs centaines de millions de récepteurs différents) et de notre cerveau (constitué de près d'un million de milliards de connexions) dépasse de trés loin les informations contenues dans l'ensemble des livres de la bibliothèque de nos gènes.
p. 94
Et c'est pourquoi aussi, contrairement à toutes les craintes, les angoisses, à tous les désirs ou les fantasmes qui s'expriment aujourd'hui, un clone ne sera jamais identique à celui qui lui a donné naissance.
Il se pourrait que la quantité de cellules qui disparaît en nous chaque jour soit de l'ordre d'un kilo —un kilo de protéines, de sucres, d'acides gras, d'acides nucléiques— de la matière dont sont composés nos corps.
En 2000, la même équipe [Robert Friedlander à Harvard] rapportait que ce traitement était aussi capable d'empêcher, chez des souris, le déclenchement de la mort des neurones et le développement des symptômes dans un modèle expérimental de maladie de Parkinson.
p. 283
Et se révèle de nouveau l'ambiguïté et la complexité de la notion de « programme ». [...] Ainsi, ce dialogue en lui-même n'a pas été « pré-écrit ». Il résulte de la lecture simultanée par la bactérie de deux partitions génétiques différentes —la sienne et celle du plasmide [...]
p. 321
Le globule rouge est une cellule vivante, active, dont la présence est essentielle à la survie de nos corps, mais qui est dépourvue de noyau, de mitochondries et de gènes.[...] Dans de nombreuses espèces animales, tels les oiseaux et les batraciens, les globules rouges conservent leur noyau et leurs gènes durant toute leur existence.
p. 403
Le pouvoir de déclencher la mort « avant l'heure » de la plupart des individus qui composent la société paraît indissociable du pouvoir de certains individus d'augmenter la durée de leur voyage à travers le temps.
p. 427
Le pouvoir de se reconstruire est lié au pouvoir de s'autodétruire.