Jaan Kross met en parallèle la vie de deux Friedrich Martens,
nés à 89 ans d'écart, l'un en Allemagne, l'autre en Estonie,
tous les deux ayant laissé une œuvre de droit international.
Mais il y a un clairement un troisième parallèle, Jaan Kross
lui-même, né 75 ans seulement après le second,
mais qui partage avec lui la déconvenue de n'avoir, de très peu,
pas reçu le prix Nobel.
Il partage également le décalage entre ses idées
(Martens est un précurseur des droits de l'homme) et ses mots :
il n'est que trop facile en 1984, encore en URSS,
de critiquer l'autocratie tsariste, mais la soumission forcée
de Martens indique en filigrane que Kross n'a pas non plus
de latitude pour nuancer.
Bülow aurait dit de moi que j'étais par nature un homme des plus intègres, puisque jamais il ne m'avait entendu proférer un seul mensonge original et qu'obligé de mentir je me limitais par principe à des banalités officielles !
« Membre de la communauté des États civilisés, un État ne l'est que si — et dans la mesure où — les droits imprescriptibles de la personne humaine y sont théoriquement reconnus et pratiquement protégés. »
Comme de vieilles connaissances ne le feraient jamais, mais comme seules de vieilles connaissances pourraient le faire.