Un, personne et cent mille

Luigi Pirandello, Uno nessuno e centomila, 1927
Traduit de l'italien par Louise Servicen, 1930
L'Imaginaire, Gallimard

Personnages:

Livre I

V Poursuite de l'étranger

p. 25
Donc, les autres voyaient en moi un être qui m'était inconnu, qu'eux seuls pouvaient connaître en me regardant du dehors, avec des yeux qui n'étaient pas les miens [...]

Livre II

XII Ce cher Gengé

pp. 62-63
— Non, mon chéri, tais-toi. Tu crois que je ne sais pas ce qui te plaît ou qui te déplaît ? Je connais bien tes goûts et ta façon de penser, va !
[...]
Pour elle, ma réalité, c'était le Gengé forgé par elle, animé de pensées, de sentiments et de goûts qui n'étaient aucunement les miens et que je n'aurais pu modifier en rien, sans risquer de devenir aussitôt un autre, qu'elle n'aurait plus reconnu, un étranger qu'elle n'aurait ni compris, ni aimé...

Livre IV

V. Violence arbitraire

pp. 122-123
— Mais oui, tout est là, pensais-je ; dans cette tyrannie. Chacun veut imposer à autrui l'univers qu'il porte en lui, comme si cet univers était extérieur, comme si tout le monde devait en avoir une vision conforme à la sienne, et comme si les autres ne pouvaient être différents de l'image qu'il s'en fait.

Romans
Marc Girod