Personnages :
On signalait une dépression au-dessus de l'Atlantique [...]
Il n'est pas de plus bel exemple de l'inéluctable que celui que nous offre un jeune homme doué se rétrécissant pour entrer dans la peau d'un vieil homme quelconque [...]
[...] la grandeur d'une époque ne dépend pas de ses grands hommes : la médiocrité intellectuelle des années 60 et 80 n'a pas été plus capable d'entraver le développement de Hebbel et de Nietzsche que l'un ou l'autre de relever le bas niveau intellectuel de ses contemporains.
[...] ni moi ni personne ne sait ce qu'est le vrai, mais je puis vous certifier qu'il est en passe de devenir réalité !
Tous ceux qui [...] sont si fiers de rationaliser tout ce qu'ils touchent, ces hommes-là préfèrent abandonner les questions de beauté, de justice, d'amour et de foi, bref tous les grands problèmes humains, dans la mesure où leurs intérêts n'y sont pas en jeu, à leurs femmes, et, quand celles-ci n'y suffisent pas, à une sous-espèce d'hommes qui évoquent pour eux, dans des tournures millénaires, le calice et le glaive de la vie, cependant qu'ils les écoutent avec frivolité, scepticisme et contrariété, sans croire un mot de ce qu'ils disent et sans penser même à la possibilité qu'il y aurait d'y changer quelque chose.
[...] l'homme responsable de ses actes peut toujours agir autrement qu'il ne le fait, mais l'irresponsable jamais !
p. 400
Si la logique empirique connaît des personnes qui sont partiellement malades et partiellement saines, la logique du droit, elle, eu égard à un même fait, ne peut jamais admettre un mélange de deux états juridiques ; à ses yeux, les personnes sont responsables ou ne le sont pas [...]
p. 473
Ne prends pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.
« Vous voulez sans doute m'expliquer le progrès ? » [...]« Mais naturellement ! [...] On appelle ça un peu obscurément la loi des grands nombres. [...] il m'importerait beaucoup de savoir s'il faut chercher là-derrière quelque mystérieuse loi de la totalité ou si tout simplement, par une ironie de la Nature, l'exceptionnel provient de ce qu'il ne se produit rien d'exceptionnel, et si le sens ultime du monde peut être découvert en faisant la moyenne de tout ce qui n'a pas de sens ! [...] »
p. 616
« [...] Vous êtes si pressés ! [...] Ne reconnaîtrez-vous pas qu'il est ridicule et pénible à la longue de toujours poursuivre ou réaliser des desseins extrêmes pour n'aboutir qu'à du médiocre ? »
p. 617
[...] chacun d'eux se croit terriblement intelligent, et tous ensemble jugent que l'époque est condamnée à la stérilité. Mais peut-être est-ce l'inverse ? C'est-à-dire que chacun d'eux serait bête, mais qu'ils seraient, tous ensemble, féconds ?
[...] il regarda l'homme qui lui avait proposé, pour des raisons assez obscures de devenir son ami.
[...] dans les circonstances qui les mettent en contradiction avec leur entourage, les hommes déploient toute leur force, alors que, là où ils n'ont que leur devoir à faire, ils se comportent, assez naturellement, comme pour le paiement des impôts. D'où il s'ensuit que le mal est toujours accompli avec plus ou moins de fantaisie et de passion, alors que le bien se distingue par une incontestable et pitoyable pauvreté émotive.
[...] les crimes vraiment grands ne viennent pas de ce qu'on les commet mais de ce qu'on les laisse faire.
[...] les descriptions classiques de l'amour [...] : des craintes et des feintes, des feux et des vœux, une nostalgie indéfinie...
Je crois que la beauté, dit Ulrich, n'est pas autre chose que l'expression du fait qu'une chose a été aimée.
Ces diplomates prennent l'air ignorant même quand ils le sont réellement.
p. 688
[La] mentalité authentiquement hypocrite est, sous toutes ses formes, quelque chose d'étrangement excitant !