La Révolution française
François Furet et Denis Richet, 1963
Arthème Fayard / Pluriel, 2010
Une bonne surprise, qui donne tort à mes préjugés.
Première partie : Des États Généraux au 9 Thermidor
1. La France de Louis XVI
p. 19
[...] pourquoi 89 ? Dans le XVIIe siècle français
où et quand se situent les points de rupture de cet équilibre
sécuritaire ?
D'abord, paradoxalement, dans sa richesse. [89] éclate [...]
à la fin d'un siècle riche, dans un pays riche.
Riche, bien sûr, relativement, par rapport au passé récent,
par rapport à la plupart des pays voisins.
p. 20
Mais on aurait tort d'en déduire que tous les Français
sont également bénéficiaires du mouvement économique du siècle.
[...] c'est d'abord aux grands propriétaires de la rente foncière,
aux ordres privilégiés, aux seigneurs laïques ou ecclésiastiques,
déjà titulaires de privilèges juridiques et fiscaux,
que le mouvement des prix apporte une prime économique,
un surcroît de richesse.
Le revenu foncier double au cours du siècle.
3. Les trois révolutions de l'été 89
p. 71
Dans cette France de 1789 déchirée par des émeutes de la faim,
les élites et le peuple paysan communient dans
une mythologie de la réconciliation,
non dans une apologie de la lutte [...]
4. L'année heureuse
p. 100
[...] 1789 est une sorte d'exemple inverse de 1917.
Lénine et les bolchéviques ont admirablement prévu la forme,
les alliances et les rythmes du grand bouleversement russe ;
mais leur vision de la société de l'avenir est pleine d'utopie [...]
Au contraire, la bourgeoisie française de 1789 sait beaucoup mieux
que les marxistes de 1917 où elle veut aller, où elle va.
Au fond des choses, elle comprend mieux l'histoire qu'elle fait.
Mais elle s'est refusée au pronostic sur l'accidentel.
Elle n'a pas du tout imaginé
par quelles voies difficiles et sanglantes passe son chemin.
5. Le dérapage de la révolution
p. 150
On a admiré sa [Robespierre] lucidité.
On peut se demander pourtant, si, par rapport à ses perspectives,
sa tactique était payante :
qui peut affirmer qu'une évolution conservatrice n'aurait pas triomphé
si la France était restée en paix ?
6. Le romantisme révolutionnaire
p. 169
La peur débouche sur la répression.
La Commune, suivie avec retard par une assemblée maussade,
prend l'initiative d'une politique terroriste qui préfigure celle de 1793.
[…] Les leaders montagnards comprennent que pour éviter les massacres,
il faut organiser légalement la répression.
« Là où commence l'action des agents de la nation
doit cesser la vengeance populaire » :
la Commune entend cet avis de Danton […]
7. Le temps de la détresse
p. 218
Pour le moment, c'est le présent qui les unit.
Puisque c'est un temps de détresse,
il faut larguer les voiles et s'équiper pour la tourmente.
Cela veut dire : suspendre le régime constitutionnel
et l'application des lois.
Cela veut dire : renoncer aux garanties ordinaires
qui protègent le citoyen.
Cela veut dire : recourir à une dictature d'exception.
Cela porte un nom : le gouvernement révolutionnaire.
p. 233
[La] Terreur, dans la pensée des gouvernants,
c'est surtout un moyen d'éviter le renouvellement
des massacres de Septembre ; dans les milieux sans-culottes,
le désir d'une nouvelle Saint-Barthélémy est fréquemment exprimé,
et les dossiers de police contiennent, sur ce point,
de nombreux avertissements. Robespierre reprend à Danton
son idée du printemps : une terreur régularisée et limitée
qui lui apparaît comme le moyen d'éviter les massacres.
Deuxième partie : Du 9 Thermidor au 18 Brumaire
9. La République bourgeoise
pp. 319-320
Les quatre années qui séparent le 13 vendémiaire an IV
et le 18 brumaire an VIII sont généralement beaucoup plus vite traitées
que la courte période de la Gironde et de la Montagne ;
encore la glorieuse campagne d'Italie
y tient-elle la plus large place [...]
[...] entre Robespierre et Bonaparte,
ce régime collégial d'hommes ordinaires ne comporte ni héros ni sauveur.
Histoire
Marc Girod
Sat Nov 16 09:55:17 2019