Histoire mondiale de la France

Sous la direction de Patrick Boucheron
Seuil, 2017

Aux prémices d'un bout du monde

De l'Empire à l'Empire

L'ordre féodal conquérant

Croissance de la France

1270. Saint Louis naît à Carthage

Yann Potin
p. 181
La construction de vaisseaux permanents et la création d'une charge d'« amiral » de France, bel exemple de transfert linguistique de l'« émir » arabe dans la langue française.

p. 182
Étrange « transfert culturel » qui confère un gage certain à la vision d'un islam des « Lumières », au cœur d'un occident qui reconnaît par là son ignorance.

La grande monarchie d'Occident

La puissance absolue

La nation des Lumières

1794. La Terreur en Europe

Guillaume Mazeau
p.  414
Peu de périodes aussi courtes ont autant attisé les passions que celle qui s'étend du printemps 1793 à l'été 1794. Son nom, car elle fait partie des rares portions du temps national à être distinguée par un chrononyme, délimite l'existence d'une séquence aussi noire qu'effrayante : la « Terreur » ou, en anglais, « The Reign of Terror ». [...] La Terreur, une exception française ? Pour corriger cette idée reçue, il faut remonter le cours de cette légende, née au cœur de l'été 1794.

Une patrie pour la révolution universelle

1804. Un sacre voltairien

Thierry Sarmant
pp. 440-441
« Je réfléchissais beaucoup toute cette journée, note Stendhal, sur cette alliance si évidente de tous les charlatans. La religion venant sacrer la tyrannie, et cela au nom du bonheur des hommes. »

1825. Au secours des Grecs

Hervé Mazurel
p. 463
Le 28 février 1825 est créé, à Paris, un comité phylhéllène. Des libéraux, des conservateurs, des dames de la haute société s'enflamment pour la cause des Grecs, en lutte contre l'Empire ottoman. Cette mobilisation transnationale sans précédent inaugure une nouvelle forme d'intervention humanitaire.
p. 466
David et Delacroix y confrontaient leurs pinceaux ; Delavigne et Hugo, leurs vers.

1852. La colonisation pénitentiaire

Jean-Lucien Sanchez
p. 484
Plus de 100 000 forçats condamnés en France métropolitaine ou dans leurs colonies d'origine purgèrent leurs peines dans des bagnes coloniaux situés en Guyane et en Nouvelle Calédonie.
p. 485
La loi du 30 mars 1854 sur l'exécution de la peine des travaux forcés, dite loi sur la transformation, imposait qu'ils soient « employés aux travaux les plus pénibles de la colonisation » et son article 6 instaurait un « doublage » : ceux qui étaient condamnés à moins de huit ans de travaux forcés devaient à leur libération résider dans la colonie un temps équivalent à la durée de leur peine ; ceux condamnés au-delà devaient y demeurer à vie.
pp. 485-486
L'effroyable taux de mortalité rencontré sur place [Guyane] poussa néanmoins les autorités à faire machine arrière. [...] De 1864 à 1931, plus de 30 000 forçats furent envoyés en Nouvelle Calédonie : 22 057 transportés, 3 960 déportés suite aux insurrections de Kabylie et de la Commune et 3 772 relégués. Mais en 1896, face aux protestations de la population néo-calédonienne, tous les convois furent réorientés vers la Guyane qui revint la destination exclusive des bagnards.
p. 487
Ce ne fut qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en mars 1945, notamment après que de nombreux relégués sont morts de faim et d'épuisement dans leur pénitencier (près de 48 % de l'effectif durant l'année 1942), que la décision fut prise de « liquider » le bagne et de le vider progressivement de ses occupants.

La mondialisation à la française

p. 490
La France devient alors un grand pays d'immigration, dénombrée pour la première fois en 1851, année d'installation de la première forme de droit du sol.
p. 491
Des personnalités d'ascendance étrangère — la comtesse de Ségur, Léon Gambetta, Émile Zola, le baron Haussmann, Jacques Offenbach, Marie Curie, Guillaume Apollinaire, etc. — illustrent désormais aux yeux du monde le génie français, alors que les ouvriers étrangers font face à une vague de violences xénophobes dans les années 1880-1890, période protectionniste qui transforme l'immigration en enjeu politique.

1858 Terre d'apparitions

Guillaume Cuchet
p. 493
[...] près de 98 % des Français (dans le dernier recensement de 1872 à avoir comporté officiellement une rubrique religieuse) se considéraient comme « catholiques romains ».
pp. 493-494
Elle a donné naissance à un pèlerinage qui reste le plus important de l'univers catholique et qui réunit chaque année près de 5 millions de personnes (soit plus que celui de La Mecque).
p. 495
[...] Le fait que la Vierge s'était présentée comme l'« Immaculée Conception », confirmant ainsi fort à propos le bien-fondé du dogme que le Pape Pie IX avait défini quatre ans plus tôt par la bulle Ineffabilis Deus du 8 décembre 1854.

1882. Professer la nation

Sylvain Venayre
p. 521
[Ernest Renan : les nations] n'ont pas toujours existé, [elles] sont de formation assez récente dans l'histoire, [elles] disparaîtront sans doute un jour, « la confédération européenne, probablement, les remplacera ».

1883. Du Zambèze à la Corrèze, une seule langue mondiale ?

Pierre Singaravélou
p. 524
Le 21 juillet 1883 est fondée l'Alliance française pour diffuser dans le monde le français, alors que son statut de lingua franca des élites mondiales est contesté et qu'il s'impose à peine aux quatre coins de la France.

Modernités dans la tourmente

1913. Une promenade pour les Anglais

Sylvain Venayre
p. 571
La région côtière comprise entre Cassis et Menton avait été nommée « Côte d'Azur » en 1887, les rivages des environs de Saint-Malo et de Dinard « Côte d'Émeraude » en 1894, la ligne des plages landaises « Côte d'Argent » en 1905 et les environs de Boulogne-sur-mer « Côte d'Opale » en 1911.

1927. Naturaliser

Claire Zalc
p. 601
Avec la fermeture des frontières américaines par les lois des quotas de 1921 et de 1924, la France devient une destination privilégiée par ces migrants.

1940. La France libre naît en Afrique-Équatoriale

Éric Jennings
p. 622
La France libre n'a pas été londonienne, du moins pas en termes constitutionnels, militaires, ni territoriaux. Elle a reposé de la fin août 1940 au 30 mai 1943 sur un assemblage de territoires coloniaux : principalement l'AEF (englobant Tchad, Oubangui-Chari, Congo français et Gabon) et la Cameroun, pays sous mandat.

1949. Réinventer le féminisme

Sylvie Chaperon
p. 644
En mai 1949, Simone de Beauvoir publie le premier volume du Deuxième Sexe qui fait aussitôt scandale. [...]

François Mauriac lance la controverse en mai 1949 dans le supplément littéraire du Figaro : « L'initiation sexuelle de la femme est[-elle] à sa place au sommaire d'une grave revue littéraire et philosophique ? »

Après l'Empire, dans l'Europe

1962. Le nouvel ordre agricole mondial

Armel Campagne, Léna Humbert et Christophe Bonneuil
p. 689
La PAC et les lois gaullistes d'orientation agricoles accompagnent ainsi la grande mutation de l'agriculture française entre 1946 et 1974 : une production agricole quasi doublée pour une population agricole qui chute de 7 millions à moins de 3 millions d'actifs.
pp. 691-692
Entre 1959 et 1973, l'agriculture produit deux fois plus par hectare, mais en consommant trois fois plus d'énergie fossile : son rendement énergétique a donc diminué tandis qu'ont grimpé ses émissions de gaz à effet de serre dont on saisira peu à peu la lourde empreinte sur la planète.

1968. « Un spectre hante la planète »

Ludivine Bantigny
p. 698
La révolution chinoise, l'expérience cubaine et la résistance vietnamienne sont alors pensées comme des brèches, de celles qui fissurent l'ordre établi et brisent les hégémonies.

Aujourd'hui en France

1992. Un tout petit « oui »

Laurent Warlouzet
p. 740
Sous des allures techniques, le traité de Maastricht entend profiter du nouveau contexte multipolaire mondial pour renforcer la puissance financière d'une Europe destinée à s'élargir. La globalisation économique sous-jacente entraîne une division profonde et durable de l'électorat français sur l'idée même d'Europe.

1998. La France « black-blanc-beur »

Stéphane Beaud
p. 745
La victoire de l'équipe nationale en finale de la Coupe du monde de football le 12 juillet 1998 au stade de Saint-Denis a suscité un moment éphémère de communion nationale et d'allégresse collective. Avant que les fractures sociales n'enterrent le mythe mobilisateur de la France « black-blanc-beur ».

Histoire
Marc Girod
Sun Jun 16 16:17:08 2019