Abus de langage ou outil idéologique ? L'historienne Sophie Bessis remet en cause l'évidence de cette expression, en soulignant l'instrumentation politique dont elle peut aujourd'hui faire l'objet.
Elle définit "notre culture" pour le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (dans Le Journal du Dimanche en mai 2024), les "racines de la France" selon Emmanuel Macron — alors en visite au Vatican en 2018 —, que le député Éric Ciotti proposait même d’inscrire dans la Constitution en 2021. Au-delà de la France, c'est aujourd'hui en Israël et dans un contexte de guerre que Benyamin Nétanyahou appelle à "défendre la civilisation judéo-chrétienne".
Réécriture biaisée de l'histoire dont témoignent ses différents usages politiques, de l'occultation de deux millénaires d'antisémitisme en Europe à l'exclusion de l'islam. La désignation d'une identité judéo-chrétienne nourrit ainsi le paradigme mortifère d'un choc des civilisations, souligne Sophie Bessis